Géologie du moi

Emil Nolde, Danse autour du veau d'or, 1910






















« Nous portons les peuples anciens dans nos âmes et lorsque la raison ultérieurement acquise se relâche, comme dans le rêve ou l’ivresse, ils émergent avec leurs rites, leur mentalité prélogique, et nous accordent une heure de participation mystique. Lorsque la superstructure logique se détend, lorsque l’épicrâne, las de l’assaut des états prélunaires, ouvre les frontières de la connaissance autour desquelles il y a toujours lutte, alors apparaît l’ancien, l’inconscient, dans la magique transmutation et l’identification du moi, dans la première expérience du partout et de l’éternel. Le patrimoine héréditaire des encéphales se situe plus profondément encore et est impatient de s’exprimer : si l’enveloppe est détruite dans la psychose, de la substructure primitivo-schizoïde émerge, poussé vers le haut par les instincts primaires, le gigantesque et archaïque moi instinctif, se déployant sans limite à travers le sujet psychologique en lambeaux. »

in La structure de la personnalité (esquisse d’une géologie du moi), Gottfried Benn