Le souffle

Geneviève Asse, Ouverture de la nuit, 1973
























Une patience
absolue.
Les arbres sont enfoncés

à mi-cuisse dans le
brouillard. Le brouillard
lentement inonde

la colline.
            Des toiles d’araignées
blanches, l’herbe

foulée là où les daims
sont venus voler des pommes.
Du ruisseau
jusqu’au sommet de la colline
qui émerge du brouillard
les bois ne lâchent
nul oiseau.
Une patience si
absolue qu’elle n’est
rien d’autre que
le bonheur lui-même, un souffle
trop paisible pour qu’on l’entende.


in Un jour commence, Denise Levertov