Le saule

José Manuel Ballester, Palácio Real, 2009



Avec papa,
sa peine à la boutonnière,
aidés des mots les plus durs

nous avons scié
d’un commun désaccord
ma branche mineure.

Nous avons crié
et j’ai fui, hurlant
dans la nuit, là

loin j’ai reposé
à ce carrefour,
et la cloche d’un saule


a couvé mon nouveau moi.
Seul pour toujours.
Dans la position

du Siddhārtha alors
j’ai médité des ans
et des ans de circonstances.

Et laissé mes vraies racines prendre.
Elles m’ont soulevé.

Et partout autour
disloqué le mausolée.
Ce poumon de pierre

où végétait,
sa peine à la boutonnière,
la vie qui m’avait créé.

in Sole povero, Bruno Guattari Éditeur, 2023