Le saule

Odilon Redon, Caliban couché, 1881


























Aucune divinité
n’a jonché de pétales ma naissance

et je n’ai pas attendu trente années

pour découvrir la souffrance.

Pourtant
cette nuit-là sous un saule


je suis le Bouddha
sous son figuier des pagodes.

Comme lui je suis assis

et anéanti.

Vérité, fruit lourd.

J’ai seize ans : ma branche est brisée.


Je laisse le saule pleurer pour moi.

in Sole povero, Bruno Guattari Éditeur, 2023