La bouche de Dieu

René Magritte, Les Merveilles de la nature, 1953


La fille croyait que le ciel était la bouche
de Dieu grande ouverte. Après discussion et arguments
je décidai d'être d'accord. Elle était si sûre
d'elle, intraitable en fait, comme si taper du pied
suffisait à rendre vrai n'importe quoi. Je suppose
qu'au fond de la bouche il y a le cerveau
qui créa les insectes et les galaxies, jusqu'à
cette fille qui chante à présent une banale chanson pop
d'une voix frêle et aiguë. Puis elle me parla
d'un énorme poisson-chat africain qui garde
ses enfants turbulents dans sa gueule. Ils vont
et viennent, puis battent en retraite en cas de danger.
Dieu est ainsi, dit cette fille.
Nous pouvons y entrer et en sortir.

in La position du mort flottant, Jim Harrison