Jars

Lucio Fontana, Concetto spaziale (Attesa), 1960


























La berge boueuse colle
et le drapé bistre d'une bâche
languit sous l’eau comme
une chrysalide d’Ophelia.
Sur l’étang le jars, lui,
s'entraîne au printemps.

Il chasse l’autre prétendant,
houspille l’oie, la force
à l’exil, l’accompagne,
il cacarde, elle criaille.
Le second s’éloigne, lève les ailes,
répète avec une seconde sa parade.

Dans trois semaines je célébrerai
le premier anniversaire de la
perte officielle de mon estime de moi.
… Je quitte les jars, les oies.

Je reprends ma route,
mon tour de l’étang, et
ce tour aujourd’hui est un zéro
serti d’un pointillé de petites
flaques : miroirs grège
dont le cadre est à chaque fois
cette boue-glu des berges.