Des biens irréparables

Pablo Picasso, Femme à la bougie, combat entre le taureau et le cheval, 1934



« Elle riait, pleurait, bramait, éructait, pétait, dansait, sautait en l’air, roulait sur le sol, elle jouissait et vomissait. » C'est ce qu'il me confie. Ce que fit sa sœur dans la chambre d’hôtel trois jours après qu'elle eut ingéré dans une hutte amazonienne de l’ayahuasca suivant le rite chamanique. Et comme cela arrive parfois chez ceux qui n’ont pas su exprimer instantanément les effets de la répugnante soupe de lianes, c’est donc à retardement que la jeune fille exprima ce catalogue presque exhaustif de toutes les émotions humaines. Néanmoins cette purgation bestiale mit étonnamment en stand-by  but officieux de son voyage  la maladie dont elle souffrait. Mais ce qu’elle fit, « ce qu’elle fut » dans cette chambre d’hôtel, voilà ce que devrait être un livre, voilà ce qu’un livre devrait causer de biens irréparables.

in Salle d'attente