Les ocelles

Yves Klein, Grande anthropophagie bleue, 1960





















Il y a un vent à décorner les bœufs
et je baisse la tête comme un
taurillon en charge pour le fendre,
mes yeux tombent sur le sol :
les ocelles bleus d’un paon.

À l’abri du pneu (mais l'abri
n’est pas efficace) le paon-de-jour
se cramponne au bitume noir,
bride son être, prend un ris,
joint ses ailes, peut-être prie.

Car à peine au monde, et déjà
si peu de temps devant soi, il y a de quoi
se demander, de quoi paniquer.
Du sable me gifle, la paupière bat,
rouvre : et plus d’ocelles.