Dans l’anachorèse des jardins

Federico Fellini, Satyricon, 1969





















« Le pessimisme rigide avait toujours été la pose romaine. Il fallait être sérieux jusqu’à l’austérité, solennel jusque dans le désir luxurieux et sarcastique, calme jusqu’à la lenteur, grave jusqu’à la tristesse. La crainte d’être dupe, la méfiance totale envers la raison (envers le logos des Grecs) les désignent encore et constituent le fond de leur crudité et de leur réalisme. Ils croyaient au "progrès  négatif". Ils croyaient qu’il y avait un progrès de la cruauté dans les tyrannies. Ils croyaient que le temps, vieillissant à force de progresser, accroissait la hideur de la terre et augmentait l’horreur au fond des âmes. Cette croyance à l’empirement désastreux de tout et le devoir de s’en séparer dans l’anachorèse des jardins et l’autarcie des villa ou des insula ou des déserts (eremus) constituent la clé de leur conservatisme. Tout changement était un empirement. »

in Le sexe et l’effroi, Pascal Quignard