Les colorations de la chair y sont si décomposées qu'elles se terrent dans les mille tons du lichen, du humus d'une feuillée chue. Pourtant Eugène Leroy est un peintre dont les toiles s'éclairent. Elles s'allument à leurs ocres et ors, que constellent l'atomisation et interpénétration du cadre et des figures qui y respirent comme des bêtes enfouies. Chaque touche est un trou de souffle (c'est ainsi que Jim Harrison nomme ces voies forées à travers la neige par la respiration de l'ours hivernant). Un trou de souffle, oui, mais térébré dans une saison bâtarde, hybride — et continûment reconduite — à cheval sur le printemps et l'automne : les deux saisons où les couleurs avec frénésie forniquent. La créature est ici toujours fondue dans la divinité de son cadre — qu'il soit une chambre, un fourré — dans le même temps que cette divinité, naturelle et qui la met au monde, abonde dans sa créature. La peinture d'Eugène Leroy est une lave jamais éteinte — donc jamais cendre — et qui enchâsse le corps dans son cadre avec l'immuabilité à l'affût du phasme.
in Salle d’attente