L'Artimon

Georges Seurat, Le Dîneur, vers1883-1884



L’Artimon.
C’est le dernier mât d’un bâtiment.
La dernière voile visible à l’œil nu
pour qui est resté à quai.

C’est aussi le nom du bâtiment
qu’a secoué notre dernière tempête.

L’immeuble, immobile.

Je me tourne vers le port.

Les petites barques, pinnules
à moteur piquées par la proue
dans les rachis des pontons.

Je remarque l’aigrette, elle me fixe.

Je ne la questionne pas.
Pourtant soudain elle fuit, s’envole,

se pose plus loin dans la boue
et l’ombre noires sous le pont :

paraphe blanc sur le crêpe,
le négatif de notre histoire.