Stations

Pierre Soulages, Peinture, 2009























L'amour fait,
je regarde tes cheveux défaits.
Dessous le ponton
des poissons se tortillent
dans le courant.

*

Ta silhouette change.
Tes lèvres restent closes
et je n’ose rien dire.
Nous ne devinons pas que je vais être heureux
de ce que tu dois m’annoncer.

*

J’écris un poème,
il célèbre la nuit où je t’ai donnée plus que ma chair.
Les mois passent, 
et tu me donnes un poème
qui boit du lait.

*

Une nuit, parmi toutes ces personnes
d’un coup il en manquait une.
Et je t’ai retrouvée
repliée sur toi-même
dans les ténèbres, voulant renaître.

*

Nos destinations nous déchirent.
Tu te quittes quand je vais à moi.
Ce même bagage à la main
nous avons sauté
dans deux trains qui se croisent.

*

De toi à ton ombre il m'aura fallu quinze ans
pour te voir dans ton entier.
Un dahlia
dont l'ombre est celle du chardon.
Qui l'eût cru ? 

in Stations : 32 tankas