Le grévillier

Willem de Kooning, Interchange, 1955



























Une larme blanche que sertit un flamant miniature.
Je tends une main curieuse vers la petite fleur rose.

Le rostre de ce qui est sans en avoir l’air une feuille
me foudroie. Mon doigt brûle un peu et je n'oublie plus

toute une heure le grévillier luxuriant idéalement
dominé par le taille-haie en un pavé parfait.

De la parallélépipédie idéale de ce grévillier, et à
la façon dont lui échappent, timidement indisciplinées,

ses propres étranges fleurs, une idée monte, se libère :
qu'il est, ce buisson réglé par la main d’homme,

l’image même de l’esprit de l’homme. Une phalange.
Un monstre géométrique corsetant tout le fouillis

lancinant des cellules et synapses en soutènement de
l’efflorescence des pensées, des imaginations fragiles.