Poisson et la peur

Jérôme Bosch, Le Jardin des délices (détail), 1494-1505






















Je marche sur les gros cailloux de la grève
et sursaute à la vue du corps d’argent,
de l’œil mort. Un poisson. Un instant d’effroi,
le pied pendu, puis je l’enjambe. La peur
 
de l’étrange mort. De la mort étrange.
Poisson sec, avec plus rien dedans, gratté
par le temps, peut-être l’insecte, et le sable uni
au vent. Peur. De l’inédit, peur indue.
 
Et qui fait place à l’autre dernière.
Que cette voûte de peau, outre de rien
craque et que le vide de mort s’épande dans
l’air, autre vide en quoi je me demande.

in Combattant varié, Aux Cailloux des Chemins, 2020