Télévision

Nam June Paik, Internet Dream, 1994






















Au rez-de-chaussée de l’immeuble voisin,
ces deux fenêtres à double battant
forment un tétraptyque étrange.
Comme s’il était un symbole furtif.
Je crois comprendre.
Trois vitres sur quatre,
blanchies par des rideaux tirés,
semblent passées au blanc de Meudon.
Mais le second châssis, lui, est autre.
De ses ténèbres vides naissent et meurent
dans des rythmes capricieux
des aplats télévisuels de bleu, de violet,
de jaune ou d’orange.
Et excepté la rumeur lénifiante
des moteurs de la ville
(mais qu’est-ce que je crois comprendre ?)
c’est tout ce qui entre de vie
dans cette coupe sous les nuages à près de midi.

in Sole povero, Bruno Guattari Éditeur, 2023