Un langage que je connais

Ohara Koson, Canards dans la neige, 1935





























La rivière chuchote à mes pieds.
Au loin les voitures grondent.
L'eau, le courant, les moteurs
parlent une langue étrange.

Sous le regard de sa femelle
de faction sur une branche,
un colvert brave le courant,
parcourt trois mètres, abdique,
se laisse dériver de biais, proteste.

Il revient, a repris des forces,
mais un instant, nage figé contre le courant.
Alors il accélère le mouvement de ses palmes,
gagne cinq mètres, épuisé renonce,
se laisse dériver en couinant.

La troisième tentative est la bonne.
Enfin il attaque le courant et le tranche.
Et enfin sa volonté le fait disparaître.
Le second se jette à l'eau, l'imite.

in Combattant varié, Aux Cailloux des Chemins, 2020